jerome peignot

 « Mon site sur Internet ?
 Mais tu veux rire ?
 J’ai 93 ans, tout de même ! »

 Jérôme Peignot
 (xjeromepeignot@free.frx)

 

 

 

 

 

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Le gai savoir de la mort

Préface,
par Jacques Sojcher

Et si mourir c’était rejoindre le temps d’avant la naissance, l’acte d’amour de ses parents au moment de la conception ? Jérôme Peignot singe avec sa sœur jumelle – ils ont six ans – l’amour procréateur de leurs géniteurs.

« Après ce sera le sein de sa mère et l’ensommeillement du bonheur – instant désiré par la mémoire qui ne peut s’en souvenir, qu’on retrouvera peut-être à la limite de la mort. »

Extase est un mot qui revient souvent dans Le gai savoir de la mort de Jérôme Peignot. L’extase du passage de la vie à la mort comme si la mort était ce délire ou cette prise de conscience « jusqu’à en perdre le sens » ? Comme si cette conscience de « la nature de l’infini », c’était l’amour qui nous la donnait, c’était son don de vie et de mort.

Jérôme Peignot assume la confusion de l’infini de l’amour et de la mort. Il convoque écrivains, philosophes, peintres, musiciens à témoigner de l’excès d’amour dans la mort. Il raconte aussi son expérience de l’être amoureux pour la mort. Peut-être approche-t-il le mystère grâce à sa myopie – un regard de rapprochement qui grossit ce qu’il perçoit, qui le démesure ou le rend évanescent, grâce à sa propension au rêve éveillé. Alors la conscience est comme suspendue, elle relâche le sens, elle peut appréhender l’infini. Et c’est comme « une douceur insondable ».

Deux femmes vont mourir : Laure, sa mère diagonale, et Lola, sa compagne. Jérôme Peignot tente de perpétuer leur existence en lui, d’écrire pour leur éternité, de vivre à leur hauteur – d’aimer, comme dit Laure, « la vie sans restriction […], la mort y compris ».

Comment être prêts pour la mort ? En étant, avec courage et somptueusement, un autre. Le bonheur d’être un autre « se paye bel et bien de celui d’être mort » soutient l’auteur, convaincu que nous connaîtrons dans la mort « un bonheur extatique », qu’à l’instant du passage nous sourirons à la mort.

Qu’est-ce que « travailler notre mort » ? Pour Jérôme Peignot, c’est écrire – écrire jusqu’à devenir le souffle même qu’il va perdre en mourant. C’est accompagner l’aimée dans la mort jusqu’à la fusion, par sa présence constante dans sa chambre d’hôpital, c’est écrire à ses côtés, jusqu’à son expiration. Je songe à Mallarmé, veillant son fils qui a dix ans, au Tombeau d’Anatole (qu’il n’a pas voulu publier, que Jean-Pierre Richard a édité). Écrire comme si cela pouvait les faire vivre, survivre après la mort. Écrire pour écrire sa propre mort, dans la mort. Pour partager la joie, au-delà de la disparition, pour continuer une vie d’amour façonnée par l’écriture qui traverse la vie et la mort.

Au lieu de la peur de rien, voir dans ce rien « le ciel étoilé », le grand tout – l’infini. Être ébloui par cette « connaissance » qui est le retournement du « bon sens », par cette folie qui donne douceur et joie :

« On est en droit de penser que c’est à l’éblouissement qui sera alors le nôtre que nous devons notre mort, laquelle ne se soldera pas par notre enfouissement dans le néant mais par la révélation de la splendeur du monde. »

Espérance hyperbolique, espérance plus païenne que chrétienne, plus cosmologique que de résurrection. Espérance de l’absolu et de l’éternité de l’amour.

Retour à l’avant-naissance – qui est, comme la mort, la vraie vie :

« Au lieu d’être l’exact envers de la vie, la mort, elle aussi, nous introduit à une autre vie, la vraie : celle que nous avons connue avant de naître. Oui, c’est cela, on meurt pour mieux se rappeler ce qui nous fûmes avant de naître. »

Ainsi si le retour a bien lieu, l’amour circulaire, dans le temps, avant et après le temps est l’éternité que nous habitons et qui nous mène dans l’avant-après du toujours qui peut rire de et avec la mort.

Le Gai savoir de la mort est un livre insolite à une époque de désenchantement et de désincarnation. Jérôme Peignot pense la mort à partir de l’amour, donc de la vie. C’est peut-être une bonne nouvelle.

Jacques Sojcher

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